Disons que le déploiement d’un progiciel correspond à sa mise en production pour tout ou partie de ses utilisateurs. Alors, l’engagement proposé repose sur une date anticipée.
Comment s’assurer du respect des délais ? Comment planifier le projet ?
Une première approche consiste à définir la date de mise en production en partant de cette date future; bref, à concevoir un planning inversé (rétro-planning).
Ainsi, en simplifiant, la séquence 1. spécifications, 2. développement et paramétrage, 3. tests 4. recette interne, 5. recette externe, 6. ajustements, et 7. mise en production, aura à être planifiée en commençant par l’étape 7. puis 6. 5… jusqu’à la date présente.
Cet exercice comporte des règles de l’art, à l’époque de la méthode dite du cycle en V, on avait coutume de répartir en trois tiers les phases de a. spécifications, b. développement et paramétrage, c. recette, tests et ajustements.
Avec les méthodes agiles, on procède me semble-t-il, finalement, de la même façon, à ceci près que l’on découpe le projet en tranches, chaque tranche correspondant à une sous-partie des fonctionnalités attendues, ou à la résolution d’une anomalie, ou bien encore à une évolution.
Mais cette vision de l’organisation du temps du projet ne peut en aucun cas se faire sans une co-construction avec la maitrise d’ouvrage, autrement dit le prospect (en avant-vente) ou le client (après la vente). Respecter les délais nécessite un accord préalable entre maitrise d’œuvre et maitrise d’ouvrage sur les modalités d’interactions entre les deux parties. C’est la continuité du respect de cet accord lors du projet qui constituera un facteur limitant de risque de ce que l’on appelle couramment les dérives, c.à.d tout simplement les retards.
Vouloir objectiver cet accord, c’est d’abord quantifier les ressources humaines nécessaires, tant du côté de la maitrise d’ouvrage que de la maitrise d’œuvre. Aussi le coût global du projet inclue l’addition du montant de la commande avec le coût investi par le maître d’ouvrage.
On doit donc veiller à une transparence quant à l’application d’abaques donnant les ratios :
Temps passé par la maitrise d’ouvrage (tmoa) / Temps passé par la maitrise d’œuvre (tmoe)
tmoa/tmoe < 0.1 : les délais ne seront pas tenus et en conséquence la date de mise en production sera décalée.
Par ailleurs, tout retard implique une augmentation du coût projet (TCO: total cost of ownership).
Le retard du démarrage du projet lui-même induit une augmentation du TCO, on peut essayer de la prévoir avec le calcul du NPV (net present value).
Le retour sur investissement (ROI: return on investment) global est lié à une augmentation de la performance de l’entreprise après la mise en production, tout simplement lorsque les utilisateurs ont été formés et utilisent la nouvelle infrastructure progicielle en mode nominal.
Et l’exercice budgétaire, traditionnellement annuel, est-il possible sans associer le montant prévisionnel du projet avec le temps de réalisation nécessaire ?
Reprenons la liste des principaux critères :
La date de mise en production prévue (liée aux exercices fiscaux, aux publications des comptes et résultats, aux autres projets en cours).
La charge de travail de la maitrise d’ouvrage dédiée.
La charge de travail de la maitrise d’œuvre dédiée.
La date de démarrage du projet.
Et surtout, le respect tout au long du projet de l’accord entre le fournisseur et le client.
Les paroles s’envolent et les écrits restent. C’est du ressort de l’avant-vente que d’inclure dans sa proposition les modalités de cet accord. C’est de la responsabilité du client de s’engager, à la signature, au respect de ces modalités. Sans quoi le projet n’est rentable ni pour la moa, ni pour la moe.
Jean-Michel Lucas
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